Les musiciens sont exposés à un risque important de maladies professionnelles qui peuvent nuire à leur carrière. En l’absence d’un diagnostic rapide et d’un traitement adéquat, ils peuvent être contraints d’interrompre leur carrière, voire d’y mettre un terme. C’est pourquoi un diagnostic précoce est essentiel pour résoudre les problèmes sans obliger les artistes à interrompre leur carrière.

Les plaintes des musiciens sont étudiées en cinq étapes:

Stade 1: La douleur survient après les cours, les exercices, les répétitions ou les spectacles. Elle n’affecte pas la performance.
Stade 2: La douleur survient pendant les cours, les exercices, les répétitions ou les spectacles, mais n’entraîne pas de restrictions dans les performances.
Stade 3: La douleur survient pendant les cours, les exercices, les répétitions ou les représentations et commence à affecter la vie quotidienne. L’artiste ressent le besoin de modifier sa technique ou de réduire son temps de pratique.
Stade 4: La douleur apparaît dès le début des cours, des exercices, des répétitions ou des représentations et empêche la poursuite des performances. Elle affecte considérablement la vie quotidienne.
Stade 5: douleur dans toutes les activités quotidiennes. L’artiste ne peut pas participer aux leçons, aux exercices, aux répétitions ou aux représentations.

Plusieurs facteurs de risque contribuent aux lésions musculo-squelettiques chez les musiciens, qui sont classées en trois groupes:

Facteurs environnementaux:

La température, l’espace de travail, l’emplacement des équipements, les matériaux techniques utilisés et leur disposition, le revêtement de sol et l’éclairage.

Facteurs physiques:

Mauvaise posture, mouvements répétitifs et énergiques, longues heures de travail, chutes et chocs, vibrations.

Facteurs personnels:

L’âge et le sexe, la condition physique (force, souplesse, endurance), la nutrition, la posture, les habitudes (tabac, alcool, etc.), le stress psychologique et les facteurs de santé généraux (grossesse, diabète, ostéoporose).

Le scénario le plus courant chez les musiciens implique la présence accrue d’un seul facteur de risque ou la combinaison de plusieurs facteurs de risque. L’anxiété liée à la performance, les horaires de travail et de performance intenses, ainsi qu’une alimentation irrégulière ou inadéquate jouent également un rôle dans la survenue de blessures.

La prévention des lésions musculo-squelettiques chez les musiciens se fait en deux temps:

1. Contrôle des facteurs de risque: Connaissance des limites personnelles (équilibre entre les attentes physiques et psychologiques), maintien d’un bon état de santé général.
2. Détection précoce et prévention: Identifier les signes précoces d’une blessure (lorsque la douleur est au stade 1 ou 2) et rechercher une aide médicale professionnelle.

Toutefois, les musiciens ne consultent généralement que lorsque la douleur atteint le stade 3 ou 4.

Lésions musculo-squelettiques chez les musiciens

Les lésions musculo-squelettiques chez les musiciens sont classées en quatre groupes:

• Problèmes de tendons (tendinite, ténosynovite)
• Crampes (dystonie focale)
• Les claquages musculaires
• Compression nerveuse au niveau du visage, du cou, du dos, des bras et des mains

Problèmes de tendons:

Les tendons sont des structures en forme de corde qui n’ont pas la capacité de s’étirer. Ils sont entourés d’une gaine qui assure la lubrification. Les lésions des tendons résultent d’un étirement excessif ou d’une friction causée par des mouvements répétitifs. La tendinite et la ténosynovite se produisent près des articulations en raison de l’étirement, de l’augmentation des frottements et d’un mauvais positionnement. Un étirement excessif ou un traumatisme direct du tendon entraîne des lésions à la surface, qui se cicatrisent avec du tissu de réparation. Des traumatismes répétés provoquent un épaississement et des lésions supplémentaires du tendon, et la gaine peut également s’épaissir, ce qui limite les mouvements.

Dystonie focale:

La dystonie focale est un trouble fonctionnel dans lequel un muscle spécifique présente des crampes, de la fatigue, une perte de coordination et une flexion ou une extension involontaire de l’articulation. Elle peut être douloureuse ou indolore et interfère avec la pratique d’un instrument de musique. Les crampes ne surviennent pas dans tous les cas. Une pratique, une répétition ou une performance prolongée peut provoquer une raideur musculaire ou des crampes, et la dystonie focale peut également se manifester au repos. La dystonie focale se manifeste généralement au niveau des mains et des doigts chez les musiciens jouant d’un instrument à cordes ou d’un clavier.

Élongations musculaires:

Différents muscles sont à risque chez les musiciens. Le type d’instrument de musique, la technique de jeu ainsi que la posture pendant la performance sont tous des facteurs importants. Pour les instruments à cordes et à clavier, les problèmes concernent principalement les muscles de la main, les muscles de l’épaule (coiffe des rotateurs), les muscles de l’avant-bras et du cou. Pour les instruments à vent, les troubles concernent souvent les muscles autour de la bouche, l’articulation de la mâchoire, les muscles du cou et de la main. Chez les percussionnistes, les problèmes touchant les muscles de l’avant-bras et le tendon d’Achille sont plus fréquents.

Compressions nerveuses:

Les nerfs périphériques, après avoir quitté le système nerveux central, empruntent certains trajets anatomiques dans les membres supérieurs et inférieurs. Les nerfs périphériques comprennent à la fois des nerfs moteurs, qui contrôlent les muscles, et des nerfs sensitifs. Pour permettre des mouvements coordonnés, les deux types de nerfs doivent fonctionner correctement. Dans les compressions nerveuses (neuropathies de piégeage), le problème est que les nerfs périphériques subissent une pression dans certaines zones de leur trajet.

Syndrome du canal carpien:

Il est causé par la compression du nerf médian au niveau du poignet. Il se manifeste par des douleurs et des engourdissements au niveau du pouce, de l’index et du majeur. La flexion répétée et/ou prolongée du poignet est considérée comme un facteur favorisant l’apparition des symptômes du syndrome du canal carpien. La main gauche des violonistes, altistes et guitaristes est généralement à risque.

Syndrome du canal cubital:

Il résulte de la compression du nerf ulnaire au niveau du coude. Il se manifeste par des douleurs, engourdissements et picotements allant du coude jusqu’à l’annulaire et l’auriculaire. Une posture nécessitant une flexion prolongée du coude et une supination (paume tournée vers le haut) constitue un facteur de risque pour le syndrome du canal cubital. La main gauche des violonistes, altistes et guitaristes est à risque.

Syndrome du défilé thoracique:

Il résulte d’une compression du plexus brachial (zone de jonction des nerfs allant au bras) au niveau de l’épaule. Il se manifeste par des symptômes similaires à ceux des syndromes du canal carpien ou cubital. Le maintien de l’instrument entre le menton et l’épaule expose les violonistes et altistes. La posture adoptée par les pianistes et les flûtistes traversiers constitue également un facteur de risque pour ce syndrome.

Sciatalgie:

Elle résulte d’une compression du nerf sciatique au niveau de la hanche. Les musiciens qui doivent rester assis longtemps, penchés en avant ou sur le côté, peuvent souffrir de sciatalgie et de douleurs lombaires. La douleur se propage le long du nerf sciatique.